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Mes services d’appui aux chercheurs : une réelle co-construction ?

Récemment, j’ai communiqué par courriel sur mon offre d’appui aux chercheurs(ses). J’ai mis en avant le fait que ces services avaient été co-construits avec eux. Il est certain que les demandes des chercheurs(ses) ont suscité mes interventions… mais peut-on pour autant parler de co-construction ? N’est-ce pas exagéré ? Le terme est en effet à la mode depuis une dizaine d’années – il est donc sujet à des emplois abusifs. Alors, soyons rigoureux : dans quelle mesure mes services ont-ils été co-élaborés par les chercheurs(ses) concernés(ées) ?

Toute époque a ses idées propres, il faut qu’elle ait aussi les mots propres à ses idées. 

Victor Hugo, Préface de Cromwell, 1827

Une envie de discussion qui a grandi, grandi…

Une chercheuse stagiaire, impliquée dans une étude sociologique dont je transcrivais les entretiens, a spontanément fait part de son souhait que les personnes connaissant le corpus d’entretiens puissent se rencontrer informellement pour en parler et confronter leurs points de vue. Le responsable de la recherche, trouvant l’idée intéressante mais souhaitant l’inscrire dans un cadre plus professionnel, l’a fait évoluer vers une réunion de travail autour des analyses et résultats en cours, selon une logique de « work in progress » (ou « chantier en cours »). Pour garantir à l’équipe de recherche que mon apport extérieur serait spécifique et structurant, j’ai proposé d’animer nos échanges en m’appuyant sur des outils de discussion. C’est ainsi que nous avons organisé un atelier de travail, associant discussion créative et exercices de raisonnement collectif.

Ce que l’on a co-construit : ce qui a été co-construit ici, c’est d’abord la possibilité de se rencontrer et de lui donner la forme d’un échange assez libre mais néanmoins professionnel. Ensuite, ce sont les attendus et les principes de l’atelier, que l’on a définis ensemble (objectifs, type de matériau à travailler…). À partir de cela, j’ai pu élaborer une méthodologie dédiée, mettre en place un cadre de travail avec différentes phases, et proposer des outils d’animation. Le bilan réalisé à l’issue de cet atelier « expérimental » pour en améliorer la formule, a également tenu compte des retours des chercheurs.

Retrouver un sens perdu… grâce à une réflexion partagée

Voici une recherche-action qui mêlait expérimentation participative, évaluation comparative, analyse quantitative et enquête qualitative. Elle avait fait l’objet d’un long chantier de recherche, semé de difficultés. À tel point que, malgré ses diverses productions et restitutions de résultats, la réalisation de son rapport final, dédié aux acteurs sociaux ayant participé, était restée en souffrance. Le problème était double : le sens et la valeur intrinsèques de la recherche avaient fini par être occultés, tandis que sa complexité méthodologique la rendait difficile à communiquer.

La responsable de cette recherche m’a donc demandé d’apporter mon appui rédactionnel. S’ensuivit une collaboration de plusieurs semaines. Pour rédiger le contenu du rapport, j’ai repris et adapté les productions existantes. Concernant les problèmes de sens et de lisibilité, j’ai proposé des solutions, passant notamment par une restructuration des contenus. La formulation des éléments scientifiques a été rigoureusement soumise aux vérifications de la chercheuse.

Ce que l’on a co-construit : l’assistance rédactionnelle est un service qui existe déjà sur le marché des aides à l’écriture : je m’en suis inspirée. Nous ne l’avons donc pas co-élaboré avec la chercheuse concernée. Par contre, nous avons eu avec cette chercheuse une réflexion partagée sur la nature de sa recherche, sur ses ambitions et ses renoncements, sur ses apports et ses limites et sur les moyens d’en rendre compte, de façon à prendre du recul et à en objectiver les fruits. Nos savoirs, compétences et regards différents nous ont permis de dépasser les écueils rencontrés.

Mais ce que nous avons surtout co-construit, c’est une manière de travailler ensemble : j’ai occupé la place que la chercheuse m’a ménagée et joué le rôle qu’elle m’a attribué, tout en les enrichissant de mes propositions. On a expérimenté un mode de collaboration, associant à un classique travail d’exécution des moments de réflexion commune, tout en suivant un rythme régulier et serein. On a ainsi trouvé comment impliquer la chercheuse sans trop la charger, de façon qu’elle puisse s’approprier le document produit et fournir toutes les garanties scientifiques souhaitées (ex: formulations et adaptations du contenu à valider, vérification de données, d’analyses, de renvois ou références, etc.).

Faire face à l’urgence et expérimenter une autre façon de produire

Dans le cas de cette étude quantitative, le calendrier et le contexte institutionnels avaient rendu urgente la production d’une synthèse de ses résultats, alors que les chercheurs manquaient encore de recul sur les données qu’ils avaient collectées. L’analyse de celles-ci était en effet en cours d’affinage. Il était prévu qu’une fois achevée, elle fasse l’objet d’un rapport détaillé. En attendant, il fallait produire à partir des premiers résultats un document qui en restituait l’essentiel et le rendait communicable à des non-scientifiques, tout en veillant à prendre toutes les précautions scientifiques qui s’imposaient dans cette situation. Et le tout, dans des délais très courts !

La conception et la rédaction de ce rapport synthétique m’a été confiée. Je me suis appuyée sur les productions préexistantes, les données sélectionnées par les chercheurs, les échanges avec eux. Mon apport spécifique a résidé dans mes capacités d’analyse (pour structurer le document) et de synthèse (pour rendre compte de l’essentiel) ainsi que mes compétences en communication (ex: habillage visuel du document, adaptation à son usage technique et institutionnel). Les chercheurs ont veillé à vérifier, rectifier et amender le contenu scientifique. Nous avons ajusté ensemble les formulations qui appelaient un juste équilibre entre précision et synthèse, mais aussi entre rigueur et fluidité.

Ce que l’on a co-construit : le statut hydride du document à créer (scientifique avec des enjeux de vulgarisation politique et technique) nous a amenés à expérimenter un processus de production différent de ceux que nous connaissions respectivement (et à en essuyer les plâtres ensemble aussi !). Ce que nous avons aussi co-construit, c’est une capacité à faire face ensemble à une situation difficile. C’est passé par le repérage et le désamorçage des freins à notre travail, qu’ils soient liés au contexte de pression ou aux différences entre nos approches et métiers. La situation d’urgence et d’inconfort nous a aussi obligés à fournir un travail de courte durée mais très intensif, tout en nous efforçant de rester critiques : le fait d’être un petit groupe, avec trois à quatre regards différents, l’a facilité.

Inspirer la création d’un service collaboratif original

Voici l’exemple d’une démarche de transfert de connaissances, qu’il fallait élaborer à partir des résultats d’une étude sociologique. Au premier abord, nous nous sommes trouvés avec les deux chercheurs concernés dans un schéma très classique de prestation de service : j’ai apporté une réponse personnalisée à leur demande particulière.

Ce qui est plus spécifique, c’est que le besoin exprimé par les chercheurs a été à l’origine de l’invention du service proposé, ce dernier ne lui préexistant pas et n’étant pas préalablement formaté. Ma prestation a ainsi associé de façon singulière plusieurs formes d’intervention empruntées à d’autres horizons : on est vraiment là dans la création d’une offre sur mesure. Les chercheurs ont suscité la création de ce service, mais ils ne sont pas intervenus sur sa conception méthodologique. On peut dire qu’ils en ont été les inspirateurs.

Ce que l’on a co-construit : si mon offre de service a été ici inspirée plutôt que co-construite par les chercheurs concernés, nous avons par contre véritablement co-élaboré la démarche de transfert de connaissances, objet central et finalité de cette prestation fondée justement sur une approche collaborative. Pour cela, nous avons utilisé les outils que j’avais mis en place et expérimenté ensemble la méthode de co-construction que j’avais conçue. Celle-ci a été ajustée en cours de route aux questions ou aux pistes de travail que le travail collaboratif a fait surgir. Les productions issues de ma prestation sont donc pleinement ici le fruit d’une co-construction avec les chercheurs concernés.

Alors, co-construction ou pas ?

Pour résumer, on peut dire que j’ai élaboré mon offre d’appui aux chercheur(se)s à la fois pour et avec les chercheurs concernés. Ceux-ci ont en effet pu être :

  • Inspirateurs d’un nouveau service ;
  • Bénéficiaires d’une méthode de collaboration ainsi proposée ;
  • Initiateurs « implicites » d’une façon de collaborer ou d’échanger pendant une prestation ;
  • Co-constructeurs « implicites » (et expérimentateurs !) d’un processus/mode de production d’un document ;
  • Co-constructeurs « explicites » de solutions à des problèmes rencontrés lors de la prestation ;
  • Co-constructeurs « explicites » de la production issue d’un processus collaboratif ;
  • Co-constructeurs « explicites » (et expérimentateurs !) d’une rencontre (et prestation) à visée créative.

En y regardant de près, on voit qu’ils n’ont explicitement co-construit mon offre de services, au sens strict du terme, que dans une minorité de cas. En revanche, diverses situations de collaboration ont été expérimentées avec eux, m’amenant à y adapter ma méthode de travail. Il est donc important de ne pas confondre collaboration et co-construction, mais aussi co-constructions annoncées (donc explicites) et spontanées (souvent implicites).

La co-construction a ainsi parfois eu comme objet la création du service en tant tel, mais le plus souvent elle a concerné la façon de travailler ensemble. Ainsi, la co-construction, tout comme la collaboration, n’ont pas toujours été explicites. Elles se sont beaucoup faites au travers de l’expérimentation de nouvelles situations de travail. Elles se sont aussi beaucoup appuyées sur la complémentarités des profils des personnes impliquées.

Tout cela suggère que le travail collaboratif peut trouver sa place à différents niveaux, avec différentes formes et ambitions. Cela indique aussi que nous pouvons certainement inventer encore d’autres façons de produire ou de faire ensemble, en partant simplement de « ce qui est là » : difficultés, besoins, forces, espoirs, désirs, limites, exigences, compétences, intuitions…

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